Malgré deux vaccins efficaces, le paludisme tue encore 600 000 personnes par an, surtout des enfants africains. Climat, désinformation et manque de financements freinent la lutte. L’espoir est là, mais qui paiera la facture ?
Bonjour à tous ! On est ravis de vous retrouver avec Footnotes, votre compagnon de route pour éclairer un monde complexe. Chaque semaine, on vous donne rendez-vous pour un éclairage d’actualité. Merci à Alexis Rontchevsky pour son aide dans la préparation de cette édition.
NOTA BENE | Par Thomas Veldkamp
Thomas Veldkamp est juriste de formation. Il travaille pour une ONG internationale depuis Amsterdam. Il a travaillé dans le secteur humanitaire en République centrafricaine et pour des cabinets d’avocats internationaux à Paris et New York.
Le paludisme est l’une des maladies les plus meurtrières de l’histoire. Transmise par la piqûre de moustiques infectés, elle tue encore près de 600 000 personnes chaque année, dont la grande majorité sont des enfants africains.
Longtemps combattue par des moustiquaires, des insecticides et des traitements, elle dispose désormais de vaccins efficaces. Mais faute de financements, leur déploiement reste trop lent.
263 millions cas estimés de paludisme dans le monde en 2023.
4 000 dollars : coût estimé pour sauver une vie grâce au vaccin.
3,5 milliards de dollars : montant supplémentaire nécessaire pour vacciner tous les enfants à risque d’ici 2027.
Depuis des millénaires, le paludisme façonne l’histoire. Il a affaibli des empires, freiné le développement de régions entières et reste aujourd’hui une des premières causes de mortalité infantile en Afrique.
En 2023, l’OMS a recensé 263 millions de cas dans le monde, dont 94% en Afrique subsaharienne.
Cinq pays concentrent à eux seuls plus de la moitié du fardeau : le Nigeria, la République démocratique du Congo, l’Ouganda, l’Éthiopie et le Mozambique.
Les progrès récents sont réels : entre 2000 et 2023, moustiquaires imprégnées et traitements à base d’artémisinine ont sauvé 12,7 millions de vies. La bataille est pourtant loin d’être gagnée.
Le changement climatique risque d’interrompre les progrès réalisés. Des inondations comme celle qui a frappé le Mozambique en 2024 laissent derrière elles des mares stagnantes où se reproduisent les moustiques.
Les hausses de température allongent les saisons de transmission et rendent les moustiquaires impraticables pour des familles qui dorment déjà dans une chaleur suffocante.
Selon le Malaria Atlas Project, les dérèglements climatiques pourraient provoquer 550 000 décès supplémentaires entre 2030 et 2049, principalement en Afrique.
D’ici 2050, 1,3 milliard d’Africains vivront dans des zones où le paludisme sera plus difficile à éradiquer qu’aujourd’hui.
Des nouveaux vaccins apportent une lueur d’espoir.
Depuis 2019, des millions d’enfants au Ghana, au Kenya et au Malawi ont reçu le premier vaccin (RTS,S), avec des effets prometteurs sur la réduction de la mortalité infantile.
En 2023, un second vaccin (R21) a été recommandé par l’OMS. Moins cher et plus simple à produire, il pourrait changer la donne. Le Serum Institute of India, l’un des plus grands fabricants au monde, veut produire 200 millions de doses par an — de quoi protéger l’ensemble des enfants exposés.
Mais une campagne de vaccination est aussi une opération logistique complexe et coûteuse.
L'équation n’est pas simple : il faut administrer quatre doses de rappel, atteindre des familles souvent mobiles, sans abandonner les autres interventions (moustiquaires, pulvérisations), et ce malgré des financements en baisse.
Dans certaines communautés, la désinformation mine la confiance dans les institutions et ONG chargées du déploiement des vaccins. La BBC rapporte que cette défiance est attisée par des campagnes de désinformation en ligne ciblées, comme au Burkina Faso récemment.
Résultat : malgré une forte demande dans la plupart des pays pilotes, certaines zones restent difficiles à couvrir.
Les bailleurs font face à un dilemme : concentrer les financements sur R21, le nouveau vaccin moins cher et plus simple à produire, ou maintenir une stratégie diversifiée avec plusieurs vaccins ?
Miser uniquement sur R21 permettrait de sauver beaucoup plus de vies à court terme, mais au risque de dépendre d’un seul fournisseur.
À l’inverse, soutenir plusieurs vaccins coûte davantage et ralentit le déploiement immédiat, mais garantit concurrence, innovation et sécurité d’approvisionnement.
Le contexte financier est devenu de plus en plus contraint. Gavi, l’alliance internationale pour les vaccins, prévoit d’investir 1,1 milliard de dollars pour vacciner 50 millions d’enfants d’ici 2030 et ainsi éviter 170 000 décès.
Mais selon une estimation américaine, il faudrait 2 à 3 milliards de dollars supplémentaires pour protéger tous les enfants à risque dans les années à venir.
Le coût d’opportunité est criant : 4 000 dollars suffisent pour sauver une vie avec le vaccin R21.
Pourtant, les financements stagnent. Le Royaume-Uni réduit son aide. Les États-Unis menacent d’arrêter leur contribution. 40% des financements de Gavi dépendent pourtant de ces deux pays. Des centaines de milliers d’enfants risquent de rester sans protection.
Le paludisme est l’un des plus grands tueurs de l’histoire. Aujourd’hui, deux vaccins efficaces existent, les usines sont prêtes, les familles en demandent. Mais le climat alimente les moustiques, les rumeurs alimentent la méfiance, et les bailleurs tergiversent.
En 2024, la Déclaration de Yaoundé promettait “qu’aucun enfant ne doit mourir du paludisme”. En 2025, la question n’est plus scientifique, mais politique et budgétaire : qui va payer ?
Un message de notre partenaire Matis Club
Dans un contexte marqué par la volatilité des marchés financiers, l’investissement dans l’art s’affirme comme une alternative à considérer pour diversifier son patrimoine. Ce marché, qui a représenté 57 milliards d’euros de transactions en 20241, est porté par des œuvres rares et recherchées, appelées œuvres blue chip2. Créées par des artistes majeurs, comme A. Warhol, Y. Kusama ou encore P. Soulages, ces œuvres, dont la valeur est comprise entre 500 000 et 5 millions d’euros, représentent près de 60% de la valeur des ventes aux enchères, pour seulement 1% des volumes échangés1.
Depuis 2023, les membres des club deals Matis ont investi dans 65 œuvres d’artistes blue chip2, avec un montant de 14,92 millions d’euros reversés sur les 16 cessions réalisées, et une performance nette investisseur moyenne de 17,7 %3.
Avertissement : les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L’investissement dans des actifs non cotés présente un risque de perte partielle ou totale du capital investi.
Avec son approche de co‑investissement, Matis donne accès à des œuvres sélectionnées pour leur qualité artistique et leur potentiel de revente, en ouvrant un marché d’ordinaire réservé aux acteurs institutionnels. Les club deals de Matis sont accessibles à partir de 20 000 euros.
Source : Art Basel et UBS Art market report
L’art blue chip fait référence à des œuvres d’art de grande valeur réalisées par des artistes majeurs, qui ont profondément marqué l’histoire de l’art, reconnus par les institutions muséales, les galeries internationales, et les collectionneurs. Ces œuvres se vendent au prix le plus élevé dans les maisons de ventes aux enchères, à partir de plusieurs centaines de milliers de dollars.
Données actualisées au 2 septembre 2025. Performance nette moyenne : montant reversé à l'investisseur, net de tout frais et brut de fiscalité, qui correspond à la différence entre le prix de cession de l'œuvre et son montant d'acquisition, auquel sont retranchés les frais afférents à la commission de la galerie, les taxes et les frais de Matis.