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Rédigé par Basile Candelon, étudiant en master à HEC Paris et Sciences Po. Basile est diplômé en politique, économie philosophie de la LSE. Il a été déjà été stagiaire au ministère de l’Intérieur, à l’OCDE et au Boston Consulting Group (BCG).
Et édité par Thomas Veldkamp, rédacteur en chef de Footnotes. Thomas est juriste de formation et travaille pour une ONG internationale depuis Amsterdam. Il a travaillé dans le secteur humanitaire en République centrafricaine et pour des cabinets d’avocats internationaux à Paris et New York.
Dans quelques semaines, des délégations du monde entier convergeront vers la localité de Belém, au Brésil, pour la COP30. En amont, la Chine a annoncé ses nouveaux objectifs climatiques pour 2035. Les intentions du premier pollueur mondial seront scrutées de très près.
Après les revirements nord-américains, la Chine se positionne comme le leader climatique mondial. Les émissions de GES chinoises ont diminué au premier semestre 2025 (-2,7%), alors que celles des États-Unis ont augmenté (+4,2%).
Les nouvelles contributions déterminées au niveau national (CDN) — les engagements quinquennaux pris dans le cadre de l’Accord de Paris (2015) — chinoises prévoient notamment :
Une réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES).
Une augmentation de 30% la part non-fossile de sa consommation énergétique et une multiplication par six sa capacité éolienne et solaire.
24 milliards de mètres cubes de forêt supplémentaires.
L’engagement d’atteindre la neutralité carbone en 2060 est réaffirmé.
La Chine représente 29% des émissions mondiales de GES, loin devant les États-Unis (11%) et l’Union européenne (6%).
Longtemps considérée comme un pays en développement dans les accords climatiques de l’ONU, la Chine était exemptée d’obligations strictes de réduction des émissions grâce au principe des “responsabilités communes mais différenciées”.
Le basculement a commencé avec l’Accord de Paris puis la COP24 à Katowice (2018), lorsque la Chine a accepté un cadre commun de transparence avec les pays développés. Ce mécanisme impose des règles uniformes pour mesurer, rapporter et vérifier les émissions de gaz à effet de serre.
La crédibilité des engagements chinois s’est depuis renforcée.
En terme d’efficacité, la Chine rapporte avoir dépassé ses objectifs initiaux en diminuant de moitié son intensité carbone par unité de PIB entre 2005 et 2020.
Longtemps peu ambitieux, les engagements climatiques chinois deviennent plus sérieux. Début 2025, le pays s’était engagé conjointement avec la France a présenter des objectifs ambitieux couvrant “tous les secteurs économiques et tous les gaz à effet de serre”.
L’annonce des nouveaux objectifs pour 2035 a suscité des réactions mitigées. Certains engagements demeurent facilement atteignables :
La baisse des émissions de GES ambitionnée est de -7 à 10% par rapport aux niveaux de pic, contre 55% pour l’UE.
Le nouvel objectif de 3 600 gigawatts de capacité éolienne et solaire nécessiterait moins de 200 gigawatts supplémentaires par an d’ici 2035, alors que le pays a ajouté 360 gigawatts en 2024 et possède déjà plus du tiers de la capacité visée.
La cible de 30% d’énergies non-fossiles dans la consommation primaire (l’énergie totale disponible avant transformation) devrait être atteint largement avant 2035 au rythme actuel.
La stratégie chinoise à long terme s’appuie surtout sur le déploiement de technologies peu matures comme le stockage par batterie, la capture de carbone, et la gestion intelligente de l’énergie ; et peu sur la sobriété énergétique.
Pour atteindre et dépasser ses nouveaux objectifs, la Chine a fortement investi et mise sur la force de son marché.
La Chine étend rapidement sa capacité de production d’électricité solaire, qui représente aujourd’hui environ 40% de la capacité solaire mondiale installée.
La moitié des véhicules neufs vendus en Chine est électrique ou hybride, contre 20% dans l’UE.
Le système national d’échange de quotas d’émissions va être étendu, pour inclure encore plus d’industries et introduire un plafonnement absolu d’ici 2030. Le prix de la tonne de carbone reste toutefois faible.
Les avancées chinoises coexistent avec des contradictions majeures. Le charbon reste l’épine dorsale du système énergétique chinois.
La construction de nouvelles centrales poussera cette année sa consommation de charbon au niveau le plus élevé jamais atteint.
Le charbon représente 56% de la consommation primaire et 61% du mix électrique chinois.
Cette politique climatique pragmatique s’accompagne d’une ambition industrielle revendiquée. Le China Daily, un média public chinois, se félicite que “la domination de la Chine dans la production d’énergies renouvelables fait baisser les coûts et accélère le déploiement mondial.”
La Chine est exportatrice nette de véhicules électriques, produisant deux unités sur trois vendues dans le monde et plus d’un véhicule électrique sur deux importé par l’UE.
Cette domination s’étend à l’ensemble des technologies clés de la transition énergétique : 70% des batteries de véhicules électriques, 80% des panneaux solaires et 68% des installations d’éoliennes.
Cette domination permet de livrer une concurrence féroce sur les prix. Plusieurs usines européennes ont dû fermer, et l’installation de puissantes turbines chinoises en Allemagne a soulevé un vent de critiques des industriels européens l’an dernier. Les prix baissent, mais la domination commence à se voir.